Principes d’économie solidaire

PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE

Processus démocratique

Il n’y a pas d’économie solidaire sans démocratie. Malheureusement, il arrive souvent que les organisations, entreprises et coalitions d’économie solidaire ne pratiquent pas ce qu’elles revendiquent publiquement, ce qui nuit à la puissance du mouvement. Pour bâtir et renforcer le mouvement, il faut parvenir à se rassembler en divers groupes et prendre toutes de sortes de décisions ensemble, grâce à des processus qui favorisent le partage équitable du pouvoir décisionnel entre toutes les parties. La démocratie ne se pratique pas en claquant des doigts, et nous exige souvent de ralentir le rythme. En revanche, les processus démocratiques sont absolument essentiels à la prise de décisions robustes, stratégiques et pérennes pour l’ensemble du mouvement. Ils nous permettent de créer des versions microcosmiques du monde auquel on aspire. 

PRINCIPE : La démocratie se définit par la participation de chaque membre d’un groupe donné à chaque étape du travail collectif. C’est l’ensemble du groupe qui détermine les modalités du partage de pouvoir et de la séparation du travail.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : PRATIQUE : Le travail de planification stratégique doit s’effectuer avec la participation active des membres et les résultats doivent être validés par l’équipe.
  • PRATIQUE : PRATIQUE : La mission, la vision et les valeurs de l’organisation doivent être régulièrement réévaluées et validées par les membres (ex. : à chaque année, aux cinq ans, etc.). Cela peut se faire dans le contexte d’un exercice d’audit sociétal (exercice similaire aux pratiques de transparence en matière de données financières).
  • PRATIQUE : PRATIQUE : Le travail des membres en position de leadeurship doit faire l’objet d’une évaluation annuelle. Ce processus d’évaluation, qui peut être administré par un comité des membres, doit examiner la qualité du service rendu à la mission, la vision et aux valeurs de l’organisation.
  • PRATIQUE : PRATIQUE : La démocratie se fonde sur la transparence. Dans cette perspective, les groupes d’économie solidaire peuvent s’appuyer sur la pratique des comités d’audits. Bien que la pratique soit moins répandue aujourd’hui, la majorité des coopératives étatsuniennes du 20e siècle étaient dotées d’un comité d’audit, dont les membres étaient responsables d’évaluer l’ensemble des opérations et des activités de l’organisation, avant de produire un rapport aux autres membres. Le rôle du comité d’audit n’est pas d’intervenir ni de sanctionner, mais simplement de documenter l’état des lieux pour informer les membres, qui décident ensuite des bonnes mesures à prendre. Les statuts et règlements du Club Seikatsu, une grande fédération de coopératives de consommation, fournissent un bel exemple du fonctionnement d’un comité d’audit.
  • PRATIQUE : PRATIQUE : Chaque organisation doit se doter de manières claires et formelles de souligner et célébrer le travail et les contributions variées de ses membres.

PRINCIPE : Les processus décisionnels et la division du travail sont définis par et pour les premières concernées, et ce, à l’échelle la plus locale possible.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : PRATIQUE : Les organisations d’économie solidaire locales, régionales et nationales doivent toutes rendre l’ensemble de leurs documents accessibles à l’ensemble de leurs membres, incluant les dossiers budgétaires, procès-verbaux des rencontres, statuts et règlements, plans stratégiques, etc. Les membres doivent pouvoir décider du niveau de détail des renseignements fournis. Les exigences de transparence interne s’établissent à une toute autre échelle qu’en matière de transparence publique. (Le Chantier de l’économie sociale du Québec offre d’ailleurs un bon exemple de cela, ayant consolidé des réseaux régionaux et généré une capacité d’action qui permettent au mouvement de s’impliquer dans des initiatives de développement à long terme et d’implanter des projets à l’échelle d’un réseau de réseaux.)
  • PRATIQUE : PRATIQUE : Il n’est pas suffisant d’élire les membres du conseil administratif pour qualifier ce dernier de démocratique. Lorsque les décisions de l’organisation ont des impacts dans une communauté donnée, les membres de cette communauté doivent aussi être directement impliqué·e·s dans ses processus décisionnels. Il ne s’agit pas seulement de « donner une voix » à chaque partie prenante, mais bien de les intégrer directement aux rouages du pouvoir décisionnel.
  • PRATIQUE : PRATIQUE : Il faut oser de nouvelles expériences ! La démocratie peut s’exercer de nombreuses différentes façons créatives, que ça soit de manière spontanée ou organisée.
  • PRATIQUE : PRATIQUE : Les moments marquants de l’histoire de l’organisation doivent être attentivement documentés et archivés, afin que tou·te·s les membres puissent apprendre des erreurs et succès du passé. En prenant soin de bien documenter leurs activités, les membres contribuent à la bonne circulation de l’information et donc, à la redistribution du pouvoir. Cela a aussi l’avantage de renforcer la capacité de l’organisation à naviguer les transitions de leadeurship.

PRINCIPE : Conformément au principe coopératif universel n ° 4, on considère les entreprises d’économie solidaire (formelles ou informelles) comme des organisations autonomes et souveraines, gérées démocratiquement par leurs membres, dont la mission première est l’entraide.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Lorsqu’elles concluent des ententes avec d’autres organisations ou des institutions gouvernementales, ou lorsqu’elles mènent des campagnes de collecte de fonds auprès d’organisations externes au mouvement, les groupes d’économie solidaire s’assurent de respecter le pouvoir démocratique et l’autonomie de leurs membres en tout temps.
  • PRATIQUE : Les groupes d’économie solidaire s’engagent à revendiquer des méthodes de financement mieux adaptées au mouvement auprès des instances gouvernementales ou philanthropiques.
  • PRATIQUE : Plutôt que d’emprunter l’approche « charitable », l’économie sociale travaille à mobiliser le pouvoir, l’autonomie et l’autodétermination des groupes et des communautés. Les membres d’une organisation d’économie solidaire doivent parvenir à leurs buts par leurs propres moyens. Il ne s’agit pas de faire les choses à leur place, mais bien de les appuyer et de leur offrir notre solidarité.
  • PRATIQUE : Lorsqu’ils ou elles travaillent avec de nouvelles organisations d’économie solidaire, les coopératrices et coopérateurs, promotrices et promoteurs, bailleurs de fonds et groupes incubateurs doivent toujours se doter d’une stratégie de sortie transparente et explicite, pour permettre à la nouvelle organisation de gagner en autonomie et en stabilité après la phase de soutien initiale.
  • PRATIQUE : Au sein des coopératives de travail, on honore le principe Mondragon de la souveraineté des travailleuses et travailleurs envers le capital. Les intérêts des membres sont considérés comme prioritaires et prennent une place centrale dans toute décision financière.

PRINCIPE : Les groupes d’économie solidaire s’engagent à tenir compte de l’impact de chacune de leurs décisions sur l’ensemble de leur communauté, des générations futures et de la planète.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Si possible, les groupes d’économie solidaire priorisent l’octroi de dons directs sans obligation de retour pour les groupes et les organisations locales.
  • PRATIQUE : S’il n’est pas possible d’émettre des dons directs, elles priorisent alors les prêts à remboursement conditionnel et les prêts à faible ou aucun taux d’intérêt.
  • PRATIQUE : Plutôt que d’avoir recours à des fonds d’emprunt ou de tierces parties, les organisations doivent prioriser des méthodes d’investissement direct dans les initiatives et les organisations locales. S’il faut vraiment faire recours à un fonds d’emprunt, il faut s’assurer de faire affaire avec une organisation administrée par ses membres, comme les fonds Seed Commons ou le fonds Buen Vivir.
  • PRATIQUE : Les groupes d’économie solidaire bâtissent des réseaux commerciaux entre diverses organisations, en passant par la coopération pour répondre aux besoins des membres ou des organisations, qu’il s’agisse de trouver de nouveaux fournisseurs ou de lancer un nouveau projet. Par exemple, divers groupes peuvent se fédérer en coopérative de consommation pour obtenir des produits à meilleur prix.
  • PRATIQUE : Les personnes et organisations issues de classe sociale élevée doivent sérieusement réfléchir à la redistribution de leur richesse, que ce soit par le biais de dons directs ou par la prise de risques financiers pour faire en sorte que les organisations d’économie solidaire puissent générer de meilleures retombées économiques (le cas échéant) pour les personnes pauvres, travailleuses et de classe moyenne.
A group of people are gathered amid sunflowers holding a banner overhead that reads We Were Built For this. Constellations connect their arms to each other. THe figure are wearing shirts that read Black Lives Matter, No Border No Nations No More Deportations, and they have a variety of human skin colors and they are many ages. One of them is a wheelchair user.
Nous sommes né·e·s pour coopérer. Black Lives Matter. Libération trans et queer. Non à la guerre. Protégeons ce qui est sacré. Ni frontières, ni nations, non aux déportations !
French