Principes d’économie solidaire

PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE

Formation continue et leadeurship collectif

Les mouvements de libération sociale s’épanouissent dans le partage et l’élaboration de connaissances collectives, et dans les contextes où les points communs comme les différences sont perçus comme des occasions d’apprentissage. L’économie solidaire valorise l’étude et la réflexion collective approfondie, à la fois comme moyen d’honorer les expériences et les apprentissages de tou·te·s, de permettre aux membres de contribuer concrètement au développement de leur entreprise ou de leur organisation, et de faire rayonner l’esprit coopératif et ses avantages aux yeux d’un public élargi (plus particulièrement auprès des jeunes et des personnes en position de pouvoir). On sait aussi que les mouvements sociaux et solidaires sont plus résilients lorsque le pouvoir y est diffus entre les membres, plutôt qu’accumulé sur les épaules de quelques personnes épuisées. Ainsi, l’économie solidaire appelle à favoriser l’élaboration, le partage et le renforcement du leadeurship collectif dans chacune de ses organisations et dans l’ensemble du mouvement.

PRINCIPE : Conformément au principe coopératif universel n° 5, les organisations d’économie solidaire s’engagent à appuyer la formation continue leurs membres.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Il est important de bien décrire et de contextualiser son travail en économie solidaire. Le mouvement coopératif étant bien connu, il existe une certaine tendance à mettre toutes les organisations d’économie solidaire dans la catégorie « coop », mais cette dynamique efface les contributions uniques des autres formes organisationnelles connexes. Pour savoir utiliser les bons termes qui s’appliquent à leur groupe, les membres de l’économie solidaire doivent étudier le mouvement coopératif, ses avantages et responsabilités, ses divers modèles légaux et ses traditions, s’intéresser à l’histoire d’autres groupes inspirants, etc. Les membres de groupes aux valeurs démocratiques qui n’observent pas les principes et pratiques du mouvement sont encouragé·e·s à réfléchir aux meilleures façons d’amener leur équipe à faire un virage vers la forme coopérative. D’autre part, les groupes qui ne souhaitent pas devenir des coopératives doivent tenir compte des potentielles conséquences (parfois légales) qui peuvent découler du choix d’utiliser les termes de la coopération pour décrire leurs activités.
  • PRATIQUE : Toute organisation d’économie solidaire doit tenir des activités de formation continue et faire la promotion de principes clairs. Ces principes doivent être régulièrement revisités et retravaillés par les membres. La formation continue doit à la fois comporter un aspect technique spécifique à chaque partie du travail collectif et un aspect d’éducation politique.
  • PRATIQUE : Les moments de réseautage et de coopération doivent être perçus comme des occasions d’apprentissage et de formation continue, et être animés d’une volonté partagée de transformer nos connaissances et nos compétences en matière d’action collective et coopérative.

PRINCIPE : Les membres de l’économie solidaire s’en remettent au processus d’apprentissage collectif pour savoir évaluer, adapter et améliorer leurs réactions face aux défis, aux nouvelles idées ou aux désaccords.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Les enjeux et les débats importants doivent faire l’objet de rencontres régulières entre les membres.
  • PRATIQUE : Les organisations d’économie solidaire sont encouragées à partager les résultats de leurs études, leurs données ou leurs ressources éducatives gratuitement au sein de leurs réseaux.

PRINCIPE : Dans une perspective de démocratisation des pratiques éducatives, chaque membre de l’économie solidaire est à la fois considéré·e comme élève et enseignant·e.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Les organisations d’économie solidaire utilisent des méthodes d’éducation populaire participatives adaptées à leur contexte spécifique. Il existe de nombreux exemples desquels s’inspirer, mais l’approche la plus populaire aux États-Unis se base sur les théories de Paulo Freire :https://www.freire.org/concepts-used-by-paulo-freire.
  • PRATIQUE : Les membres de l’économie solidaire mettent leurs expériences et leurs expertises en commun de façon à favoriser l’apprentissage collectif.
  • PRATIQUE : Les organisations peuvent tenir des groupes de travail pour encourager l’apprentissage collectif et alimenter l’esprit d’équipe.
  • PRATIQUE : Les notions communes de l’organisation devraient être revues et débattues régulièrement par les membres, et ce, à chaque palier des opérations. Sans nécessairement devoir formuler les choses de la même exacte manière, les membres doivent s’entendre sur ce qui se qualifie d’économie solidaire ou non.
  • PRATIQUE : Le mouvement d’économie solidaire revendique un système scolaire participatif qui intègre les étudiant·e·s aux processus décisionnels, et qui s’éloigne explicitement des modèles punitifs et de gradation.

PRINCIPE : Dans les groupes d’économie solidaire, les rôles de leadeurship sont continuellement renouvelés.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Grâce à l’élaboration d’échelles d’implication variable, les membres peuvent graduellement gagner en leadeurship et prendre davantage de responsabilités au fur et à mesure qu’iels se familiarisent avec le mode de fonctionnement de l’organisation.
  • PRATIQUE : Chaque instance de gestion, conseil administratif, comité ou personne en position de leadeurship doit se doter d’une stratégie de partage de ses pouvoirs, ainsi que d’un plan de transition clair en prévision de la fin de son mandat, le cas échéant.
  • PRATIQUE : Les organisations d’économie solidaire sont encouragées à élaborer et dispenser des programmes de mentorat pour leurs membres et leurs organisations partenaires.
  • PRATIQUE : Il est important d’investir dans de la formation et du soutien externe en matière d’autogestion démocratique. L’apprentissage et l’application de ces notions invitent à interagir sur des bases de respect et de confiance, plutôt que d’alimenter la notion paternaliste que les travailleuses et travailleurs ne seraient que des enfants gâté·e·s qu’on doit superviser pour leur propre bien. Pour en apprendre davantage sur les pratiques d’autogestion, consultez l’ouvrage « Reinventing Organizations », par Frederic Laloux. Notamment, les processus de rétroaction entre les pairs, le suivi des tâches comme aspect central des rencontres, l’élaboration de politiques claires à appliquer lorsqu’un·e membre ne répond pas aux attentes de l’équipe, ou le fait de partager un système de gestion de projet sont toutes de bonnes manières d’alimenter une autogestion saine. Pour d’autres suggestions, consultez cette banque de ressources du Nonprofit Democracy Network (disponible en anglais seulement).
Image of people pulling up plants by their roots. Text reads we are having to unlearn generations of teachings that taught us how to dehumanize and encouraged us to prioritize punishment
Nous devons désapprendre ce qu’on nous a appris pendant des générations : déshumaniser et punir.
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