Principes d’économie solidaire

PRINCIPES DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE

Partage de ressources et visions communes

La culture dominante encourage la majorité des gens à compétitionner pour s’arracher quelques miettes, alors que le grand banquet demeure hors de la portée de tou·te·s. Pour faire advenir une économie solidaire, il faut rompre avec le mythe de la rareté et s’ouvrir au potentiel de l’abondance. En incarnant les valeurs qu’on souhaite voir rayonner dans nos cultures et sociétés, comme le partage des ressources et la planification collective, on peut s’assurer que personne ne manque de rien. Même en faisant affaire avec certaines institutions du pouvoir, comme avec des instances gouvernementales ou diverses fondations, les organisations d’économie solidaire s’entraident pour maintenir leur souveraineté et demeurer fidèles à leurs valeurs. 

PRINCIPE : L’économie solidaire mise sur la coopération pour créer l’abondance et faciliter l’accès collectif aux ressources locales, régionales, nationales et internationales.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Il importe de se présenter aux bailleurs de fonds et investisseurs en tant que mouvement uni, de profiter de chaque occasion de faire connaitre les valeurs et objectifs de l’économie solidaire et d’en revendiquer explicitement les principes et les pratiques.

 

  • PRATIQUE : On peut profiter de certaines réunions avec les bailleurs de fonds pour favoriser des occasions d’apprentissage, cartographier les ressources collectives et articuler les théories du changement social en vigueur dans le mouvement de l’économie solidaire. 

 

  • PRATIQUE : ll est possible et souhaitable d’organiser des initiatives conjointes de financement, où les fondations mettent leurs contributions en commun pour soutenir l’économie solidaire. Ce faisant, il faut prendre compte de toute l’ampleur du mouvement, en évitant de favoriser un modèle, un projet, ou une pratique spécifique. Le travail coopératif doit continuellement refléter les revendications d’équité économique, sociale et raciale promues par le mouvement d’économie solidaire. 

 

  • PRATIQUE : Les organisations nationales peuvent collecter des fonds dans le but explicite d’en redistribuer les recettes aux membres du mouvement dans une perspective d’équité, notamment par le biais d’octroi de bourses ou de budgets participatifs administrés par les membres. (Par exemple, la coalition NY Renews mène des campagnes de collecte de fonds dont les recettes sont remises à un comité directeur, qui est ensuite responsable de redistribuer les fonds entre les membres. Grâce à cette pratique, chacun·e peut de participer au travail de la coalition à partir de sa propre région ou communauté.)

 

  • PRATIQUE : Les organisations peuvent tenir des rencontres stratégiques régulières entre les divers groupes de leur région ou leur secteur, dans le but de collaborer pour identifier les manques à combler et réfléchir à comment renforcer leur puissance économique.
  • PRATIQUE : Les organisations devraient participer à des activités de planification budgétaire participative, autant à l’interne qu’avec d’autres groupes du mouvement. Dans le but de réduire la tendance à l’organisation en silo, les réseaux et organisations peuvent notamment contribuer à des fonds communs dont les recettes seraient réinvesties dans des projets collectifs. 

PRINCIPE : L’économie solidaire valorise le partage d’information et la transparence des données et des dossiers financiers en tant qu’outils d’apprentissage et de participation démocratique.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Toute organisation d’économie solidaire doit se doter de mécanismes de transparence vis-à-vis des membres en matière de ses sources de financement et ses dépenses. Par exemple, les comités exécutifs des réseaux et fédérations peuvent partager leurs budgets, sources de revenus, réserves et estimations budgétaires lors des réunions des membres. 
  • PRATIQUE : Selon le consentement des parties concernées, les organisations d’économie solidaire doivent partager leurs données de manière à favoriser l’apprentissage collectif. On peut anonymiser les données lorsque nécessaire. Par exemple, le site Data Commons Cooperative ,permet aux organisations de partager les résultats de leurs études ou sondages les unes avec les autres, ainsi qu’avec les chercheurs et chercheuses allié·e·s du mouvement. Chaque groupe peut décider du degré de partage de ses données, et déterminer quels dossiers nécessitent une permission spéciale d’accès.
  • PRATIQUE : Dans leur quête de publicité ou visibilité, les organisations doivent tâcher de refléter leur vérité parfois chaotique. Lorsque le récit dépasse les faits, elles doivent ralentir pour s’assurer de bien remplir leurs objectifs. Par exemple, les membres fondatrices et fondateurs de la coopérative Renaissance Community de Greensboro, en Caroline du Nord aux États-Unis, ont tenu un webinaire pour aborder ce qui s’était passé après la fermeture de leur coop et partager leurs précieuses leçons avec la communauté. 
  • PRATIQUE : Toute organisation ou association d’économie solidaire, ainsi que leurs filiales le cas échéant, doivent conduire des audits sociétaux réguliers (ex. : à chaque année, aux cinq ans, etc.). Ces audits doivent être menés par un comité élu par les membres, et servir à comparer les intentions et valeurs de l’organisation avec les retombées de ses activités selon des indicateurs d’impact environnemental, social et communautaire. En Amérique latine, on appelle ces comités les Consejo de Vigilancia. Pour en savoir davantage à ce sujet, consultez le site Ressources de l’économie sociale et solidaire, et guide de l’audit social, de l’UNESCO (disponible en anglais seulement) ainsi que les normes SA8000 de Social Accountability International (disponible en anglais seulement), référence internationale formelle.

PRINCIPE : L’économie solidaire priorise le financement direct aux groupes et coopératives du mouvement.

PRATIQUES

  • PRATIQUE : Lorsque possible, on priorise l’octroi de dons financiers directs sans obligation de remboursement pour les projets ou groupes d’économie solidaire locaux.
  • PRATIQUE : Si les dons financiers directs ne sont pas une bonne option, alors on priorise l’octroi de prêts-subventions à faible taux d’intérêt ou à taux nul.
  • PRATIQUE : Plutôt que d’acheminer un soutien financier par le biais d’organisations de tierce partie comme des fonds d’emprunt, on priorise l’investissement direct dans les initiatives et les organisations locales. S’il faut faire recours à des fonds d’emprunt, il faut s’assurer de faire affaire avec des organisations dirigées par les membres, comme Seed Commons ou le fonds Buen Vivir.
  • PRATIQUE : Les groupes d’économie solidaire élaborent des réseaux commerciaux entre les divers groupes et coopératives de leurs réseaux, et cherchent à combler les besoins individuels et collectifs par la coopération entre les organisations (ex. : trouver de nouvelles fournisseuses ou fournisseurs, démarrage de nouveaux projets, etc.). Par exemple, divers groupes choisissent parfois de se fédérer en coopérative de solidarité pour permettre à l’ensemble de leurs membres d’avoir accès à de meilleurs prix d’achat sur le marché. 
  • PRATIQUE : Les personnes ou les groupes provenant de classe privilégiée doivent envisager d’opérer une sérieuse redistribution de leur richesse par le biais de dons directs ou en prenant davantage de risques financiers de manière à ce que les projets d’économie solidaire offrent de meilleurs revenus aux personnes pauvres, travailleuses ou issues de classe moyenne.
A group of people are gathered among pine trees surrounding a fire. They are holding their arms open like they are singing together and a moon shines overhead. There is a quote that frames the image that reads "No one can stop us from imagining another kind of future, one which departs from the terrible cataclysm of violent conflict, of hateful divisions, poverty, and suffering. Let us begin to imagine the world we would to inhabit, the long lives we will share, and the many futures in our hands." - Susan Griffin
« Personne ne peut nous empêcher d’imaginer un autre avenir, un futur qui s’éloigne du terrible cataclysme des conflits violents, des divisions haineuses, de la pauvreté et de la souffrance. Commençons dès maintenant à inventer les mondes que nous voulons habiter, les longues vies que nous partagerons et les de nombreux horizons qui s’offrent à nous. » — Susan Griffin
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